Conan, le fils du futur : présentation

Introduction

Attention, là je m'attaque à du dinosaure ! Non non pas du dessin animé qui a 10 ans, ça c'est rien encore, mais bien de la bêbête qui a un peu plus de 30 ans d'âge ! Non ne fuyez pas ! certes les dessins animés vieillissent mais pas tant que ça, surtout quand le scénario nous concerne encore plus qu'à l'époque de sortie.

Alors aujourd'hui je vais vous parler de la véritable première série du maître de l'animation japonaise, j'ai nommé Hayao Miyazaki qui travaille aujourd'hui au studio Ghibli avec à son actif des oeuvres comme Mon Voisin Totoro, Le Château dans le Ciel, Le Voyage de Chihiro, Princesse Mononoke ou encore Ponyo de la Falaise ; rien que ça. Le monsieur avait certes travaillé sur des séries comme Lupin III et Heidi mais jamais auparavant il n'avait autant la main mise sur une série.

Bref, je vais vous parler de Conan, le Fils du Futur. Ce qui m'a amené à le visionner et à rédiger cet article est un ouvrage nommé Hayao Miyazaki, cartographie d'un univers qui analyse toute l'étendue des oeuvres de Miyazaki (que ce soit des mangas, des films ou des animes) ainsi que les principaux thèmes qui en découlent. Ce n'est en aucun cas une biographie de cet artiste.

Historique

Conan, le fils du futur est le fruit de la volonté la NHK, une fameuse chaîne télévisée japonaise, qui, en 1978, pour l'occasion de ses 25 ans voulait produire une série animée ciblant les jeunes garçons. C'est le studio Nippon Animation qui fut choisi pour ce projet et qui proposa alors une liste de romans à adapter. C'est donc L'incroyable marée, un roman américain de Alexandre Key arrivée récemment au Japon à l'époque, qui fut sélectionné. Pour résumer : en l'an 2222, le camp occidental et le camp oriental s'affrontent jusqu'à ce que soit utilisé une arme destructrice qui provoque la submersion des continents ; le récit se concentre sur une île où cinq survivants tentent de renverser le tyran pour recontruire une nouvelle société. Au départ prévu pour coller le plus que possible au texte original, le scénario fut finalement complètement revu par Miyazaki. Si les grandes lignes et le contexte sont à peu près similaires, pas mal de choses sont changées. Le dessin animé n'est finalement arrivé qu'en France en 1988 au milieu de monstres comme Saint Seiya (Les Chevaliers du Zodiaque) ou Dragon Ball. Et vous l'aurez deviné, Conan a malheureusement vite été oublié.

Scénario

En 2008, une troisième Guerre Mondiale se déclenche. S'en suivent de terribles bombardements causant le chaos sur la Terre entière jusqu'à détruire la civilisation perturber l'axe de rotation de cette dernière. Tout ceci provoque une montée des eaux qui va engloutir la majorité des continents pour seulement laisser quelques petites îles.

20 ans ont passés, et c'est justement sur une de ces îles que vivent Conan et son grand-père. Une sorte d'énorme vaisseau volant est planté dans le sol comme seul vestige de l'humanité archimoderne. L'histoire de ce vaisseau sera conté plus tard par le grand-père. Ces deux survivants vivent paisiblement sur cette île, le vieil homme s'occupe plutôt de la maison tandis que le jeune garçon, de dix ans environ, s'amuse à pêcher des poissons. On assiste même à son incroyable duel face à un requin, l'occasion d'observer l'incroyable force du garçon. Ce quotidien est chamboulé le jour où une jeune fille est retrouvée inconsciente sur la plage par Conan, sa réaction est des plus amusantes, lui qui n'a jamais connu d'autre être humain que son grand-père. Il est aisé de faire l'analogie avec le jeune Son Goku de Dragon Ball, à noter que Conan est sorti bien avant le manga le plus populaire de tous les temps (débuté en 84). Lana, puisque c'est ainsi qu'elle se nomme, nous apprend qu'il y a de la vie ailleurs que cette petite île. Industria et Edenia sont deux îles au contraste présent même dans leur nom. Si l'une prône la technologie au détriment de la nature, la deuxième fait tout le contraire. Vivant sur Edenia et étant la fille d'un grand scientifique dont Industria a grandement besoin pour réaliser ses desseins, elle activement recherchée par les soldats. Il se trouve justement qu'un hydravion se pose peu après pour enlever Lana. Jurant de la sauver Conan se lance dans une longue et enrichissante aventure qui va le mener à Industria aussi bien qu'à Edenia. Il va se rendre compte de la méchanceté qui existe dans ce monde mais également de la générosité et de l'amitié qui persistent.

Pourtant destinée aux jeunes garçons, cette série ne néglige pas pour autant son histoire. Si les thèmes n'ont rien de novateur, le message est fort et formidablement bien amené. Contrairement à beaucoup d'histoires niaises, la Nature n'est pas suridolatrée et la technologie n'est pas diabolisée. Miyzaki a inséré une nuance, sûrement en accord avec son avis personnel, avec une volonté d'équilibre entre la nature et la civilisation. On peut trouver ce thème dans de nombreux métrages de l'auteur, comme Nausicaa par exemple. La conclusion que j'en ai tiré est que la trop grande expansion des volontés dominatrices de l'Homme le mène vite à sa perte comme on peut le voir avec cette énorme montée des eaux qui ravage la Terre. De plus, l'Homme a tendance à ne pas toujours apprendre de ses erreurs, avec pour exemple Industria qui persiste toujours à vouloir aller plus loin et gagner en puissance.

L'histoire donne également des notions de courage et d'amitié, avec pour parfaits exemples ces liens entre Gimsy, Lana et Conan. La pureté des pensées de l'enfant est tout à fait démontrée par ces trois personnages. Il est aussi montré que toute personne peut changer. En effet, plusieurs personnages alors campés sur leur position, remettent en question à la fois eux-mêmes mais les idées pour lesquelles ils se battaient auparavant.

La notion de communauté est également importante, avec l'arrivée sur Edenia et la découverte d'un système dans lequel les villageois mettent leurs compétences respectives à disposition des autres. La productivité n'est pas des meilleures, mais chacun travaille dure pour la survie de tous. Plusieurs épisodes sont consacrés à cette intégration de Gimsy et de Conan dans le village.  Et au contraire, du côté d'Industria on découvre un système prônant la violence, l'esclavage et l'inégalité mais à la productivité efficace.

Bref, l'histoire de ce Conan, le fils du futur, si elle est à la base destinée aux jeunes garçons, peut toucher un large public avec adultes compris. Même si les personnages principaux sont des enfants, la toile de fond est assez mature et le message est universel. De plus, le récit contient énormément de péripéties et de retournements de situation qui savent tenir en haleine tout du long. Même les périodes de calme sont intéressantes et mènent petit à petit au problème suivant.

Du côté des personnages, à part Gimsy, Lana et Conan, on a plutôt affaire à des groupes. Les villageois, les marins, les esclaves, les compagnons de Marco, les soldats, les scientifiques. Et quatre adultes se démarquent : Lepka le grand méchant d'Industria, Raho le professeur, Dice le capitaine et Monsry, la jeune femme forte au service de Lepka. Ce dernier représente le danger tandis que Raho s'oppose en tant que sauveur. Dice et Monsry sont des personnages se situant entre les deux.

Conan, Gimsy, Lana, Dice, Monsry, Lepka et Raho

Réalisation

Là, il faut se mettre dans le contexte. 1978 ça date. Mais les dessins animés ont pour avantage face aux films de vieillir moins rapidement. Les animations sont peut-être moins fluides qu'aujourd'hui mais restent agréables. La qualité de l'image est ce qu'elle est, à l'époque on n'avait pas de téléviseur HD 16/9ème. De toute façon, quand j'ai visionné la série, rien ne m'a soudainement fait penser "Oh mon dieu ça c'est moche... et ça c'est mal fait... Oh là là c'est vieux". Non. La seule chose que j'ai remarqué est l'aspect trop figé des visages et des regards. De toute façon, Conan n'est pas à regarder pour l'esbrouffe technique mais pour la formidable aventure qu'il propose.

Bande-son

De ce point de vu rien de spécial à souligner, on est dans la normale de ce qu'il se faisait à l'époque, les mêmes musiques sont réutilisées dans les épisodes et n'ont rien d'exceptionnel. Je ne pourrais pas vous parler des voix japonaises car je n'ai eu l'occasion de l'écouter qu'en voix françaises. Et j'ai été agréablement surpris car elle est vraiment de qualité dans l'ensemble. On n'échappe pas à certaines voix un peu exagérées mais grosso modo tout se tient. On notera la voix étrange de Gimsy mais qui colle au personnage et celle de Conan qui est la même que le petit Son Goku.

Le générique français est chanté par Jean-Jaccques Debout, aussi connu pour Capitaine Flam.

Conclusion

Conan, le fils du futur est une oeuvre que je vous conseille vivement de regarder. Il ne faut en aucun cas avoir peur de l'ancienneté de cet anime car la qualité est bien là et reste intemporelle. Les fans de Miyazaki devraient également s'y retrouver, avec des thèmes récurrents mais toujours aussi bien travaillés.

Bonus : Deux films qui reprennent toute la trame de la série ont été conçus et deux adaptations vidéoludiques ont été produits, l'un sur PS2 et l'autre sur TURBOGRAFX-16